Face à une intensification des menaces et attaques numériques, les structures publiques et privées ont plus que jamais besoin de sécuriser leurs systèmes d’information. Malgré ces enjeux cyber de grande envergure, la cybersécurité peine à recruter. Comment expliquer cette pénurie de recrutement pour un secteur pourtant si prometteur ? Synexie a identifié trois pistes.
1 – L’image poussiéreuse de l’informaticien
En France, on compterait aujourd’hui 15 000 postes non pourvus, selon le cabinet de conseil Wavestone. Une première explication pourrait être la vision obsolète dont souffre le secteur. Souvent, le métier d’informaticien pâtit d’une image d’un autre siècle, déconnectée des réalités d’aujourd’hui. À la tête des clichés : le “geek” à lunettes qui tapote à toute vitesse sur son clavier, coupé de tout lien social. Malheureusement, ce cliché colle à la peau des métiers de l’informatique.
En réalité, les spécialistes en cybersécurité travaillent habituellement en interaction avec des chefs de projets, des chargés d’affaires ou des managers. De plus, c’est un métier qui nécessite des soft skills telles que l’éthique ou la communication. En effet, le spécialiste en cybersécurité doit savoir créer autour de lui un climat de confiance dans un environnement sous tension. De plus, il doit savoir faire preuve de sang froid et savoir communiquer les informations. Aujourd’hui, la cybersécurité est porteuse de sens et peut attester d’un impact positif réel sur la société. En sensibilisant et en rendant les enjeux cyber moins opaques, on peut faire la lumière sur la valeur sociétale du métier.
2 – Un enjeu de formation et de ressources humaines
Une reconnaissance du secteur passe aussi par une évangélisation des chasseurs de têtes. L’idée est de leur donner une culture, un vrai background en matière de sécurité numérique. Pour cela, il convient de former des recruteurs spécialisés avec une connaissance accrue des spécificités liées au section de la cybersécurité. Ils sauront alors mieux qui chercher et où trouver.
De plus, faire briller le secteur de la cybersécurité passe par une revalorisation du métier lui-même. 2022 a été marqué par l’inauguration du « Campus Cyber » de Paris La Défense par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, une très bonne nouvelle pour le secteur.
Et dans la perspective des Jeux Olympiques de 2024 à Paris, une nouvelle « École IA Microsoft by Simplon » ouvrira également ses portes, très bientôt. L’ambition est de former une centaine de demandeurs d’emploi dès la première année. Cette école revendique un recrutement sans prérequis de diplôme ou d’expérience.
Ces initiatives vont dans le bon sens, en faisant de la pédagogie autour des métiers et de la sensibilisation auprès d’un public plus large.
3 – Un secteur qui manque de mixité
L’enjeu du monde de la cybersécurité est également la diversité des profils. Aujourd’hui, la France ne compte que 27 % de femmes dans le secteur de l’information et 11 % dans la cybersécurité d’après l’étude de l’International Information Systems Security Certification Consortium. Le recrutement de profils plus inclusifs passe par de la communication et un travail d’orientation. D’après Fatiha Gas, directrice du campus parisien de l’École supérieure d’informatique (ESIEA), «
ces clichés absurdes sont en partie véhiculés par les séries télévisées américaines et nourrissent injustement l’imaginaire du grand public« .
En conséquence, le secteur manque de figures féminines médiatisées qui viendraient briser ces clichés et nourrir une ambition de carrière dans la cybersécurité pour les jeunes femmes. Pourtant, les profils féminins présentent d’excellents résultats grâce à des compétences aiguisées.
Plus que jamais, l’écosystème de la cybersécurité s’étend et se complexifie. Aux enjeux déjà brûlants s’ajoutent les notions d’intelligence artificielle et de machine learning qui viennent souligner le besoin d’une prise de conscience du rôle fondamental que représente aujourd’hui la cybersécurité. Surmonter la pénurie de recrutement passera par de la pédagogie, de la revalorisation et de la diversification.